de Rob Reiner / 1987 / Etats-Unis
Avec Cary Elwes, Robin Wright, Mandy Patinkin, Chris Sarandon, André The Giant, Peter Falk...
Princess Bride : un détournement de conte de fées et une madeleine de Proust.
« Now this did happen once upon a time
When things were not so complex... »
Willy DeVille, Storybook love, chanson du générique de fin
Quand Bouton d’or (Robin Wright) demandait quelque chose à son valet de ferme, celui-ci lui répondait toujours : « Comme vous voudrez ». Un jour, elle se rendit compte que cela voulait dire « Je vous aime ». Et elle s’aperçut qu’elle l’aimait aussi. Voilà comment commence l’histoire de Princess Bride, racontée par un grand-père (Peter Falk aka Columbo) venu au chevet de son petit-fils malade (Fred Savage) pour partager un livre, lu de père en fils depuis plusieurs générations.
Princess Bride est un film malin qui revisite les codes du cinéma de capes et d'épées de l'âge d'or d'Hollywood (le Robin des Bois avec Errol Flynn en tout premier lieu). Ses héros, rusés, beaux (Cary Elwes) et forts (André Le Géant), ses vengeances, ses duels, ses méchants (Chris Sarandon), ses magnifiques princesses et ses chevaux blancs pourraient le placer, à première vue, aux côtés de ces classiques. Mais sa singularité tient en deux points.
Le premier est le récit qui encadre l’histoire et qui est bien plus qu’un prétexte pour dérouler un conte intrépide. C’est le sujet même du film, un jeu réjouissant : l’arrêt ou la reprise de l’histoire, selon le bon plaisir de celui qui la raconte. Et nous spectateurs sommes à la même place que l’enfant, écoutant la même histoire, passant par les mêmes émotions, à la merci du conteur. Quand, à un moment palpitant, le grand-père interrompt l’histoire, c’est au grand dam de son petit fils, et du nôtre ! Et quand l’enfant refuse la tournure que prennent les événements et la mort d’un «gentil», c’est en notre nom aussi qu’il s'indigne.
Le film nous invite donc, chose assez rare, à penser notre place de spectateur.
La seconde originalité est l'aspect ironique et vraiment drôle de l'oeuvre. Les références à l'âge d'or sont détournées avec respect : les acteurs jouent avec la conscience aigüe du caractère parodique et caricatural de leurs rôles (une jubilation!), et si Rob Reiner n'a pas l'air de prendre bien au sérieux toutes ces histoires de princes et de princesses, il semble quand même nous dire : voyez comme, dans les films du temps jadis, il nous était facile et agréable de nous laisser emporter par les Tarzan, les Robin des Bois, les Ivanhoë... Princess Bride est un grand film nostalgique réalisé par un cinéaste profondément convaincu du pouvoir des histoires. Nostalgique de l’époque où l’on pouvait se permettre de croire sans retenue à ce qui était projeté. Avoir découvert ce film à l’époque de sa sortie (c'est mon cas), sans avoir eu l’occasion de le regarder avec des yeux déjà lassés et cyniques, est un bonheur incommensurable, car c’est certainement la façon dont il fait le mieux passer son message d’amour du cinéma.
Mathieu G.
La bande-son du film est en écoute sur la médiathèque numérique
Princess Bride