Des souris et des hommes de John Steinbeck - Illustration : Rébecca Dautremer
Et des lapins.
« Moi, j’ai toi pour t’occuper de moi, et toi, t’as moi pour m’occuper de toi. »
George et Lennie, deux amis ouvriers agricoles, travaillent de ranch en ranch pour survivre en Californie du Sud. Rêvant en secret d’un petit paradis à eux, une modeste terre dont ils seraient les propriétaires, ils doivent surtout composer avec les échos de la Grande Dépression, les hiérarchies raciales et sociales qui pèsent encore sur les États-Unis en ce début de 20ème siècle, et les incidents que crée Lennie malgré lui. Le colosse a un esprit d’enfant et ne maîtrise pas sa force. George, comme un grand frère, sait lui parler, l’accompagner et arranger les situations dangereuses, mais peine à les sortir de la misère.
J’avais été très ému en lisant une première fois ce court et pourtant immense roman de John Steinbeck paru en 1937. Le redécouvrir dans cette édition illustrée par Rébecca Dautremer a été encore plus fort car sa grande prouesse est de proposer une représentation de ce qui se passe dans l’esprit des personnages. Comment ne pas jubiler à l’évocation imagée et pleine de couleurs du rêve de George et Lennie, cette petite maison, ce terrain rien qu’à eux et ces doux petits lapins dont Lennie s’occuperait, dans une vie où personne ne viendrait les déranger ? Les rêves devenant souvent des désillusions, comment rester de marbre quand la cruauté et la bêtise s’en prennent à l’innocence ? Nicolas Boileau avait décrit la fonction cathartique d’une œuvre : « Que dans tous vos discours la passion émue / Aille chercher le cœur, l’échauffe et le remue ».
J’ai relu Des souris et des hommes version illustrée 2020. Et j’ai à nouveau pleuré d’abondance pour Lennie, George, Crooks, Candy et les autres, pour les chiens boiteux et pour tous ceux que la société n’aime pas suffisamment.
Mathieu G.
Des souris et des hommes